Nuages stratopshériques polaires

Pendant l'hiver antarctique, la stratosphère, couche d'atmosphère située au-dessus de la troposphère entre 10 et 50km d'altitude environ, se refroidit en l'absence de rayonnement solaire. Cela a pour conséquence de renforcer le vortex polaire stratosphérique, une circulation de grande échelle où souffle en permanence un vent d'ouest, entre 200 et 250 km/h, qui isole la stratosphère antarctique du reste de celle de l'hémisphère.
Ainsi, la température à 20000m s'abaisse fréquemment en dessous de -78°C. C'est à ce seuil de température que se forment des nuages stratosphériques polaires, composés d'eau sous forme de glace ou, plus fréquemment, de cristaux de glace d'acide nitrique ou d'acide sulfurique liquide.
En français, il a l'appellation poétique mais incomplète de "nuage nacré", l'anglais est plus précis et technique en le désignant comme "polar stratospheric cloud" (PSC), tous les PSC n'étant pas forcément nacrés. Ce sont ces nuages que traque Guillaume, responsable du Lidar, puisqu'ils jouent un rôle important dans la couche d'ozone, en accélérant les réactions de destruction de l'ozone impliquant la chimie du chlore.

Les premiers ont été aperçus le jour du solstice. En particulier au crépuscule, alors que la stratosphère est déjà ou encore éclairée mais que le soleil est quelques degrés sous l'horizon. Ces nuages fins et élevés, qui ressemblent à des cirrus mais n'en sont pas, diffusent la lumière du ciel à la manière d'un vaste abat-jour céleste, et confèrent une atmosphère presque étrange, alors que les étoiles brillent déjà (ou encore, c'est selon si on est le matin ou le soir !).


Nuage stratosphérique polaire, le 25 juin, 1h10 avant le lever du soleil


 

Le 26 juin, 1h45 avant le lever du soleil. Le PSC très ténu diffuse la lumière rose, en gris ce sont des cirrus pas encore éclairés par le soleil




Teinte nacrée après légère retouche photo... le 26 juin, 1h30 après le coucher du soleil. A droite en gris, cirrus lointains sur l'horizon



Le 27 juin, toujours du PSC avec du cirrus


Entre samedi 6 et lundi 8 juillet, un PSC bien plus impressionnant est resté au-dessus de l'horizon Est, visible même de jour, et jusqu'à 3h30 avant le lever de soleil, dès que la nuit n'était plus noire ! Celui-ci était particulièrement nacré, en particulier quand le soleil n'est pas au-dessus de l'horizon. Il ressemble à un altocumulus lenticulaire, mais n'en est pas un ! Ce matin, la lumière était magnifique à l'oeil nu, des tons rouge vif, puis rose, orange, blanc nacré...




le 7 juillet, 2 heures avant le lever du soleil, PSC semblable à des lenticulaires, avec un gros mur de neige sur le glacier de l'Astrolabe...

 

Pendant ce temps, il faisait -17°C sous abri, la petite cabane à droite de la photo


Lundi 8 juillet, dernier jour avec le PSC bien visible, et bien nacré !


Il restera visible même alors que le soleil est levé, signe d'une troposphère particulièrement pure et sèche !

Depuis hier, le temps couvert empêche toute observation, que ce soit des PSC ou des aurores. Ces dernières nous ont gratifié d'un magnifique spectacle deux soirs de suite, les 9 et 10 juilet !
Le spectacle valait bien de rester 45 minutes peu mobile dans un froid bien sensible à -19°C, et ce malgré la Lune et les nuages sous forme de bons vieux altocumulus troposphériques qui commençaient à envahir le ciel !

Aurore et banquise au clair de Lune, le 9 juillet


Cascade de rayons cosmiques depuis le zénith !


Vue rare, car orientée vers le Sud-Est (jusque là toutes les aurores étaient vues entre l'Ouest et le Nord-Est, le cercle auroral étant vers le Nord), d'une fugace harpe verdâtre


Commentaires

  1. Superbes photos ! Vous en avez de la chance . Prenez en plein les yeux et mémorisez tout ça ! C 'est votre feux d artifice pour le 14 juillet!

    RépondreSupprimer
  2. Eh bien on les attendait, les voilà ! Nous sommes sur le bas d'un cycle solaire, je craignais que tu n'en voies pas trop, mais finalement, elles sont là !
    à bientôt.

    RépondreSupprimer
  3. Alain DEL ( futur hivernant )19 juillet 2019 à 20:21

    La nature est une véritable œuvre d'art. Bravo pour la prise de vue "l'aurore et banquise au clair de lune". De telles visions font oublier notre vie de terrien. C'est de la magie pure, tout simplement magnifique, ça doit "embarquer " les esprits très très haut. Comment ne pas figer des moments pareils tellement c'est beau. Merci Gaétan pour le partage de ces photos. (Alain, la relève).

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

articles les plus consultés

Épilogue

Etape à Hobart